Revue Bateaux n°538


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Bateaux • mars 2003 • N° 538

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> Déjà commandé à plus de 300 exemplaires, le Sun Odyssey 35 (remplaçant du 34.2) démarre fort sa carrière. Il faut dire que la demande dans cette taille de voilier de croisière (autour de 10,50 m) est importante. Nous avons donc voulu essayer sous toutes les coutures le dernier 35 pieds du chantier Jeanneau dans la version deux cabines.
Notre programme de navigation ressemble à une jolie boucle agrémentée d'escales plutôt sympathiques (voir le « Où naviguer » de ce mois) : 250 milles entre la Guadeloupe, Antigua et Barbuda, avec un retour par les Saintes.
 

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> Vu du ponton, le Sun Odyssey 35 affiche une ligne moderne, marquée par une importante largeur de près de 3,50 m continuant jusqu'à la jupe, un franc-bord haut et un rouf en sifflet assez proéminent. Le gréement à deux étages de barres de flèche poussantes est doté d'un pataras en patte d'oie. A noter un bas étai qui contribue à la bonne tenue du mât. Au moment de quitter la marina Bas du Fort, la grand-voile semi-full batten sur coulisseaux grimpe toute seule et le foc à faible recouvrement se déroule sans souci. Nous voilà prêts à avaler 40 milles, cap vers Antigua, après avoir traversé la rivière salée au moteur (29 ch Volvo). La houle est belle et l’alizée bien présent comme souvent à cette époque de l'année aux Antilles.
 
> Travers petit largue avec 15-18 nœuds de vent et houle de travers, cette allure peu agréable nous emmène tout de même à 6 nœuds de moyenne vers English Harbour, en 6 heures et demie exactement. La dernière heure nous gratifiera d’un 7.5 nœuds au bon plein, le vent forcissant subitement.
Au moment de prendre un ris après deux départs au lof, on ne se pose même pas la question sur la manière de procéder: la grand-voile est équipée de deux ris automatiques très simples à utiliser. En moins de 2 minutes, le bateau est mieux équilibré. L'équipage n'a pas eu à sortir du cockpit: un bon point quant à la sécurité en mer...

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> Les points forts et les points faibles vont se préciser au fil de notre croisière. Lors de la remontée de la côte au vent d'Antigua au près, nous nous rendrons vite compte que la position à la barre est inconfortable lorsque le bateau gîte: trop près du banc arrière qui ferme l'accès à la jupe, le barreur se cisaille les mollets et, à moins de mettre un pied sur le banc, on ne tient pas debout pour peu qu'il y ait de la houle. Le mieux est de barrer assis, un pied calé sur la console. Les équipiers eux ne peuvent se caler sur le banc d'en face, le cockpit étant très large. Les hiloires sont en revanche confortables. La largeur du cockpit reste un gros avantage au mouillage ou au portant, mais il en va autrement gîté. A moins d'installer une table de cockpit fixe pour se caler les pieds, ce qui n'est pas le cas sur le Sun Odyssey 35. 
 
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> La circulation sur le pont est en revanche aisée, avec de larges passavants bien dégagés des cadènes rentrées contre le rouf. Toutes les manœuvres renvoyées au pied de mât sont bien dis­tribuées et les winches Harken (deux de chaque côté de la descente et deux en avant du cockpit) bien suffisants. Pour arriver au mouillage de Non Such Bay à près de 12 milles de là, nous tirerons deux bords (100 à 110° d'un bord sur l'autre) avec grand-voile à un ris et gé­nois roulé de trois tours, en deux heures.
 
Les bonnes performances se confirment, nous avalons les milles sans mê­me nous en rendre compte. Nous naviguons le plus souvent avec un ris et génois roulé de quelques tours dès que le vent atteint 18 nœuds. Au portant, toutes voiles dehors, le Sun Odyssey 35 ne roule pas. Facile à barrer (malgré des drosses de barre un peu reprises), le bateau reste sain à toutes les allures.

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Grâce au guindeau vertical électrique et au davier d'étrave à bascule, nous enchaînons sans difficulté mouillage après mouillage d'Antigua à Barbuda.
Sans compter qu'avec notre petit tirant d'eau (1,45 contre 1,85 m pour la version grand tirant d'eau), nous nous approchons de la côte à avoir quasiment pied !
Le Sun Odyssey 35 a donc prouvé de réelles aptitudes en navigation. Enfin un vrai bateau de croisière qui avance...
 
 
Les +
Bonnes performances (7 nœuds de moyenne sur notre croisière), ris automatique, baille à mouillage et davier à bascule, circulation sur le pont.
 
Les -
Position à la barre, évacuation de l'eau dans le cockpit et sur les passavants (dalots trop étroits), table de cockpit trop petite.
  
 

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> La version deux cabines de notre essai semble plus appropriée que la ver­sion trois cabines, vraisemblablement étriquée, pour partir en croisière sans trop se bousculer. Elle correcte une grande cabine arrière dotée d’une couchette de 2 m de long sur plus de 1,85 m de large. On peut donc y dormir dans les deux sens!
Une penderie (on aurait préféré un placard avec étagères) permet de ranger les affaires personnelles L'ensemble est bien aéré grâce aux trois hublots ouvrants La cabine avant est spacieuse et très lumineuse grâce au grand panneau de pont qui la surplombe. De chaque côté de la couchette de bonne taille (2,06 m sur 1.62 m) un petit placard et deux grands équipets sont largement suffisants.

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 > La hauteur sous barrots est excep­tionnelle partout. C'est l'explication du haut franc-bord, qui se paie, il est vrai, par une silhouette un peu pataude. 2 m au pied de la descente, 1,86 m dans le cabinet de toilette et 1,85 m dans le car­ré... Que demander de plus? Le volume est impressionnant.
 
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La version deux ca­bines permet même d'avoir un cabinet de toilette presque-comme-à-la-maison. Il est divisé en deux par une porte en Plexiglas: d'un côté le lavabo, de l'autre la partie douche-WC. Derrière la douche, un « cellier » - où plutôt un coffre non accessible du cockpit sauf par le hublot - permet de ranger les gilets de sauvetage et une partie de la nourriture dans les tiroirs en plastique.

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> La vaste cuisine en L comporte deux éviers, un frigo digne de ce nom, de vrais plans de travail et des fargues pour cuisi­ner en mer, ce que nous avons testé tous les jours. Ajoutons une paroi en Plexi qui permet de coincer des objets et éviter qu'ils ne passent dans le carré. Petit bémol en revanche au niveau des équipets : leurs portes coulissantes empêchent l'ouver­ture complète, gênant l'accès aux objets.

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> Les rangements sont nombreux, à l'image de la grande penderie derrière la table à cartes, bien pratique pour ran­ger les cirés. La nouvelle idée de cet intérieur: la table à cartes coulissante, qui libère une place sur la banquette. Nous n'avons pas trouvé cela d'une grande utilité, la table à cartes étant restée contre la paroi durant toute la semaine.
 
> La table du carré amovible s'abais­se et s'allonge, offrant une couchette double et une grande table de repas (2,15 x 1,23 m). Nous avons particulière­ment apprécié la bonne ventilation (six panneaux de pont et quatre hublots ou­vrants). Autre point important: les plan­chers se soulèvent (pour trois d'entre eux), donnant un bon accès au puisard. Enfin, la descente est un modèle du gen­re avec des marches larges et bien pour­vues en antidérapant.

la table à cartes coulisse sur un rail pour obtenir deux positions: contre la cloison (ci-dessus) pour laisser de la place sur la banquette, ou en position normale (ci-contre) pour travailler dans le sens de la marche.
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Les +
L'espace et les volumes de rangement, la très grande cabine arrière, la bonne ventilation.
 
Les -
L'accès au moteur difficile, les portes coulissantes des équipets de cuisine.
 

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Construction, l'injection maîtrisée 
 
Prisma Process, c'est le nom du pro­cédé utilisé par Jeanneau pour réaliser le pont du Sun Odyssey 35. Il s'agit en fait de l'injection, dont nous vous avons déjà parlé. En quelques mots, il s'agit d'un sys­tème de fabrication de pièces industrielles en composite: dans un moule séparé en deux parties (moule et contremoule), on pose préalablement les tissus de verre cou­pés à la cote. On injecte ensuite la quanti­té exacte de résine (calculée savamment) sous pression. Ce procédé permet de ré­partir uniformément la résine sur l'en­semble de la pièce, et surtout de diminuer les émanations de styrène, dangereuses pour l'opérateur. Pour les pièces, il découle donc une résistance mécanique renforcée, une bonne raideur, bref un gain en qualité puisque la construction est plus homogè­ne. Autres avantages: le vieillissement est meilleur, le gain de poids évident et, côté esthétique, les finitions sont supérieures, à l'intérieur comme à l'extérieur.

> La coque, quant à elle, est en stratifié de fibre de verre/polyester monolithique, avec un châssis moteur renforcé polyester. Le gouvernail est lui aussi en polyester, avec structure Inox (mèche pleine en Inox).
 
Les polaires de vitesse
il s'agît ici de ta version standard, grand tirant d'eau (1,85 m). Ces courbes de vitesses prennent en compte un bateau prêt à naviguer (donc chargé), avec un spi symétrique, une hélice bec de canard et une coque propre (rugosité inférieure à 1 mm). Ces courbes, calculées par ordinateur, indiquent la vitesse optimale du bateau. Prenons un exemple (X) : par 15 nœuds de vent, le voilier à 50 ° du vent, autrement dit au bon plein, doit « théoriquement » marcher à 7 nœuds. Les régatiers se servent notamment des polaires de vitesse pour savoir si leurs réglages de voiles sont bons.


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INTERVIEW
Marc Lombard, architecte du Sun Odyssey 35

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A son actif: catamarans Privilège, RM 10,50,60 pieds Whirlpool, Banque-Populaire, Sopra, Sill, Mini 6,50, Figaro 2, entre autres...
 
Bateaux. Le cahier des charges du chantier était-il très précis quant au dessin de son nouveau 35 pieds?
M.L. Les choix ne sont pas multiples pour un 35 pieds de croisière. Le chantier a bien sûr son idée, son histoire, une gamme déjà bien établie. Nos plans (NDLR: Marc Lombard travaille avec Eric Levet) devaient donc respecter leur savoir-faire. Entre l'architecte et le chantier, c'est un véritable échange de cultures. Nous avons choisi les solutions ensembles, comme la table à cartes coulissante.
 
B. Quels aspects du Sun Odyssey 35 sont caractéristiques d'un plan Lombard?
M.L Le franc-bord, le design du rouf, du cockpit J'ai insisté auprès du chantier qui a bien évidemment accepté le fait qu'il fallait certes dessiner un bateau pour la croisière, mais surtout marin et tout de même performant. Du coup, nous avons travaillé sur un plan de voilure (équilibre GV et génois) plus allonge un mât un peu plus haut et plus reculé et des appendices au centre de gravité plus bas. On a privilégié le centrage des poids. Bref, je suis pour le bateau de croisière qui avance et c'est vrai que le procédé d'injection utilise par Jeanneau nous aide grâce au vrai gain de poids qu’il autorise.
   
Courbe de stabilité
Entièrement théorique, calculée par ordinateur, la courbe de stabilité permet cependant de comprendre à partir de quel moment le bateau atteint son degré de gîte critique. La courbe bleue correspond aux normes minimales CE et la rouge à une utilisation du bateau plus près de la réalité. Le degré de gîte de 50° est tout à fait dans la norme d'un bateau de croisière. On le sent d'ailleurs en navigation, le Sun Odyssey 35 est raide à la toile.

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Coupe
Monolithique pour la coque
Nous nous intéressons ici plus particulièrement à la coque du Sun Odyssey 35, réalisée par stratification. Cette coque en monolithique polyester alterne les tissus de roving et de mat. Un contremoule sert de carlingage dans les fonds. On remarquera le fond de coque renforcé par des tissus plus épais.
 
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 Comparaison
> Le Sun Odyssey 35 affiche un prix de base plutôt raisonnable quand on le compare à
celui de ses concurrents. La somme de 95 590 € comprend le jeu de voiles (grand-voile lattée à 80 %, génois enrouleur et lazy bag). Il s'agit de la version de base, avec le tirant d'eau de 1,85 m et les deux cabines. Pour la version petit tirant d'eau, il vous faudra rajouter 980 € et la version dériveur 4700€. La version trois cabines demande un supplément de 1 500€.
> Du côté des options, il faut saluer l'effort fait par le chantier sur le pack confort (d'une valeur de 3 540€), offert gratuitement. Il comprend: le support moteur hors-bord, la douche de cockpit, la table de cockpit, l'alimentation 220V, le chargeur batterie 25 Ah, la 3e batterie, le radio-CD avec haut-parleur, le kit vaisselle pour six personnes.
> Le pack électronique coûte 4300€ et comprend loch-speedo-sondeur-alarme de profondeur, girouette, anémo, GPS traceur-lecteur. En rajoutant les options obligatoires comme le guindeau électrique, le kit mouillage et amarrage, etc. La version essayée revient environ 105000€, soit 10000€ de plus que le prix de base annoncé. Ce qui reste acceptable...
 
Hunter 356
Construit solidement (renforcée Kevlar, la coque est en sandwich au-dessus de la flottaison, en monolithique en dessous), le Hunter 356 fait la part belle au volume intérieur, comme tous les Hunter. Sauf que, sur le 356, le chantier a encore augmenté la largeur. Comme sur le Sun Odyssey 35, la cabine arrière est très grande et la table du carré se transforme en couchette double. En navigation, le 356 est équilibré, même s'il commence à s'ébrouer à partir de 10 nœuds de vent. Architecte: Wahren Luhrs. Constr.: Hunter Marine. Année: 2002. Long, coque: 10,82 m. Larg.: 3,66 m. TE: 1,52/1,96 m. Voilure au près: 67 ml Déplacement: 6305 kg. Cabines/couchages: 2/6. Motorisation: Yanmar 27 ch. Prix: 105900€.
 
 
Le RM 10,50, biquille à triple bouchain en contreplaqué époxy, est désormais le fer de lance du chantier RM (anciennement Sysba Marine) qui annonce déjà le lancement d'un 9,50 m et d'un 12 m. Le RM 10,50 est un voilier performant et tout terrain: il se faufile partout et se pose sur le sable en douceur. L'intérieur est sans fioritures mais très marin et surtout lumineux et spacieux. Architecte: Marc Lombard. Constr.: RM. Année: 1998. Matériau: contreplaqué époxy. Long.: 10,50 m. Larg.:3,90 m. TE: 1,60 m. Voilure au près: 63,20 m2. Déplacement: 4000 kg. Cabines/couchages: 2/6. Prix: 128419€ sans voiles.


UN BILAN POSITIF 

A part quelques détails qui dérangent en croisière, à l'image du cockpit sans rangement, de la table de cockpit minimaliste et peu solide, de la position à la barre inconfortable, le Sun Odyssey 35 répond complètement à son pro­gramme de navigation familiale côtière, voire hauturière. L'intérieur spacieux est confortable (nous avons préféré la version deux cabines à la trois cabines essayée dans notre n° 532) et marin. On cuisine sans problème à la gîte et la descente est très sécurisante.

En navigation, le Sun Odyssey avance.
Sur les 250 milles parcourus, notre moyenne se situe autour de 7 nœuds. Après tout, n'est-ce pas plus agréable d'avaler les milles sans se traîner?

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Date de création : 16/06/2009 19:25
Dernière modification : 07/01/2014 15:45
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